H.P Lovecraft est, encore aujourd'hui, l'une des plus grandes sources d'inspiration à travers tous les arts. Mais alors comment en est-il venu à créer ses récits d'horreur et de science-fiction ?
"Toutes mes histoires sont basées sur l’idée fondamentale que les lois, les intérêts et les émotions partagés par l’humanité n’ont ni signification ni validité au niveau du cosmos.”
La vie d'Howard Phillips Lovecraft
Howard est né le 20 août 1890 à Providence, dans l'État de Rhode Island aux États-Unis, dans la résidence familiale. Cet enfant introverti grandit sans son père qui, suite à un accident, se retrouve à l'hôpital pour les années à venir. Ce garçon reste néanmoins très talentueux, à trois ans, il lit et récite de la poésie puis apprend à écrire à six ans. Il découvre l'univers de la littérature à cinq ans en dévorant "Les Mille-et-une Nuits", il continue en lisant l'"Iliade" et l'"Odyssée" et en explorant la mythologie grecque, (écrivant d'ailleurs un poème à sept ans, intitulé "Le poème d'Ulysse".)
En 1898, son père meurt après cinq ans d'hospitalisation, élevé pendant ce temps par sa mère, ses deux tantes et son grand-père, qui l'encourage à poursuivre ses lectures et l'initie aux récits gothiques. Le jeune Lovecraft souffre de certains problèmes psychologiques qui influent sur son physique, ainsi que de terreur nocturne. Howard ne rentrera à l'école qu'à huit ans pour en ressortir un an plus tard, il continue néanmoins à se plonger dans la lecture, apprenant ainsi certaines bases scientifiques en chimie et en astronomie (il publiera par la suite quelque revues scientifiques.)
C'est au lycée qu'il reprend goût à l'éducation, notamment grâce à ses camarades et à ses professeurs. Il continue d'écrire et est même publié dans quelques journaux comme The Providence Tribune et The Providence Evening News. Malheureusement, en 1904, son grand-père meurt et la famille en faillite financière doit déménager de leur belle maison victorienne vers un appartement de petite taille. Howard ne parvint pas à faire le deuil de son grand-père et de sa maison. En 1908, il n'obtint pas son diplôme et ne pût entrer dans une université, des pensées suicidaires l'envahirent peu à peu.
Durant cinq années, Howard restera chez lui, continuant ses lectures sur l'astronomie et écrivant des poèmes, situation qui détériorera la relation avec sa mère. Suite à une publication d'une de ses lettres dans le magazine pulp The argosy, Howard est contacté par le Président de l'United Amateur Press Association (un groupe d'amateur publiant leur propre numéro) qui l'invite à les rejoindre. Ce qu'il fit dès 1914, il y écrit 13 numéros de The Conservative, son magazine, jusqu'en 1923. En parallèle, il continue à écrire des essais, il deviendra Président de l'association en 1917. Selon ses propres mots, cette période lui a "redonné goût à la vie".
Il publiera également ses récits dans le magazine Weird Tales dans les années 20 et développera l'une des correspondances parmi les plus prolifiques de l'histoire de la littérature. Durant cette période, nous pouvons déjà observer les prémices des trois cycles majeurs de l'œuvre de Lovecraft, à savoir :
Les histoires macabres, avec "La tombe" en 1917, "Je suis d'ailleurs" en 1921 et "Les rats dans les murs" en 1923 ;
Le cycle du rêve, avec "Polaris" en 1918, 1920 et 1921
Le Mythe de Cthulhu, de manière plus irrégulière avec Dagon en 1920, il reprendra ce cycle dans la suite de sa vie.
Sa mère est internée dans le même hôpital que son père durant cette période pour des raisons physiques et mentales et meurt en 1921. Howard est déstabilisé par la mort de sa mère, il trouvera néanmoins du réconfort dans la personne de Sonia Haft Greene, sa première femme. Ils se marièrent en 1924 et vivent une vie heureuse, jusqu'à ce que son épouse perde sa boutique, tombe malade et soit internée à son tour. Howard se concentrera sur l'écriture et les deux époux s'éloignent peu à peu, Sonia part à Cleveland et Howard prend un appartement seul dans le quartier de Red Hook à Brooklyn. Néanmoins, la vie à New-York ne semble pas lui convenir, bien que beaucoup de ses amis soient présents, cela se ressent dans ses écrits qui font souvent mention de sa ville natale.
En 1926, il retourne finalement à Providence où il renoue avec ses tantes, tandis que sa relation avec Sonia se détériore encore, ils finissent par divorcer en 1929. Durant les années qui suivent, Howard écrira les plus grandes œuvres de sa vie, ce qui le rendit plus heureux que jamais. Trois mois après son retour, il écrit "L'appel de Cthulhu". Malheureusement, en 1932, il perd l'une de ses tantes et déménage avec la seconde quelques mois plus tard. Son écriture devient de plus en plus riche et complexe, ce qui attire de moins en moins d'éditeur, il se retrouve à être prête-plume (personne écrivant le texte pour les autres), afin de gagner sa vie. En 1936, l'un de ses meilleurs amis, Robert E. Howard se suicide.
Lovecraft est traumatisé par sa disparition, il développe dans le même temps un cancer de l'intestin, il rentrera au Brown Memorial Hospital de Providence suite à de fortes douleurs, il meurt 5 jours plus tard, le 15 mars 1937 à l'âge de 46 ans.
Son œuvre après sa mort
Comme de nombreux artistes, Howard Phillips Lovecraft n'a pas connu l'ampleur de son succès de son vivant. Et alors que son œuvre aurait pu tomber dans l'oubli, les amis qu'ils s'étaient faits grâce à sa correspondance vont s'assurer du contraire. Donald Wandrei et Derleth fondent Arkham House en 1939 afin de rassembler les œuvres de Lovecraft éparpillées dans de nombreux magazines. Les récits sont ainsi préservés et surtout publié avec parfois des ventes encourageantes, malheureusement la maison d'édition ne parviendra jamais à faire de bénéfices. La maison reçoit néanmoins en 2005 le World Fantasy Award pour la préservation des œuvres de Lovecraft. Aujourd'hui, ses œuvres ont été lues par de nombreuses personnes et ont inspiré le monde de la littérature, du cinéma, de la musique et de manière plus générale la culture que nous connaissons.
L'univers de Lovecraft
L'univers de Lovecraft nous fait comprendre que des êtres bien plus vieux que nous, nous observent et que nous ne sommes pas en capacité de comprendre cela. Leur existence est plus sombre et plus vaste que la nôtre et nous ne sommes au mieux que des pions dans un jeu que l’on ne comprendra jamais. Le terme d'horreur cosmique correspond bien à l'œuvre de Lovecraft, sa passion pour l'astronomie lui ayant bien appris que l'Humanité n'est pas le centre de l'univers et que son existence n'a aucun impact sur ce dernier. Lovecraft est d'ailleurs un antihumaniste radical, hostile à toute forme de religion, conservateur, raciste et antisémite avec un pessimisme extrême envers l'homme.
Lovecraft base ses récits sur une certaine topologie (domaine des mathématiques lié à l'espace), ce dernier ne vivant pas en fonction des gens, mais bien des lieux : "J’ai absolument besoin de la Nouvelle-Angleterre, sous une forme ou sous une autre. Providence est une partie de moi ; je suis Providence." Ainsi, chaque récit se base souvent sur des lieux, des endroits. (Des caveaux pour "La Tombe", des fermes "La couleur du ciel", Des manoirs hantés, "Les rats dans les murs" ; "Je suis d'ailleurs".
Il s'inspire aussi de l'écriture d'Angleterre du XVIIIe siècle et de ses manières. "Il y a longtemps, que j’ai accepté l’archaïsme comme la force principale qui me motive." Ces récits amènent une atmosphère inquiétante, une terreur inexpliquée, des forces inconnues.
Les créatures de l'univers Lovecraftien
L'univers Lovecraftien possède de nombreux monstres et créatures et en voici quelques-uns.
Dans un premier temps, les dieux extérieurs, entités cosmiques extradimensionnelles antérieures pour certaines au Big Bang :
Azathoth : le Sultan des Démons, le Seigneur de Toutes Choses, le Chaos Nucléaire, le dieu aveugle et idiot…
Yog-Sothoth : "Yog-Sothoth connaît la porte. Yog-Sothoth est la porte. Yog-Sothoth est la clé et le gardien de la porte. Le passé, le présent, le futur, tous sont un en Yog-Sothoth".
Nyarlatothep : Le Dieu au mille visages, ce dieu prend la forme qu'il souhaite, ou l'apparence que lui donnera votre inconscient.
Dans un second temps, Les Grands Anciens, entités très puissantes et anciennes d'origines diverses, souvent perçues comme des divinités par les peuples inférieurs, bien que contrairement aux Dieux Extérieurs, ils ne soient pas forcément immortels.
Cthulhu : est l'archétype du dieu cosmique monstrueux, "Nul ne saurait décrire le monstre ; aucun langage ne saurait peindre cette vision de folie, ce chaos de cris inarticulés, cette hideuse contradiction de toutes les lois de la matière et de l'ordre cosmique."
Atlach-Nacha : ressemble à une immense et hideuse araignée noire et velue, pourvue d'un visage vaguement humain.
Pour conclure ce bestiaire, les races inférieurs, comprenant notamment les serviteurs des Grands Anciens et des dieux extérieurs, mais aussi les races "indépendantes".
Le peuple Tcho-Tcho
La Grande race de Yith : originaires d’un monde au bord de la désolation, capable d'échanger leur conscience avec d'autres créatures.
Les Choses-Rats : créatures mi-humaines, mi-rats.
Les Fungi
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